Comment reconnaître une rectorragie ?

Tous les articles de ce blog sont rédigés en collaboration et avec la supervision des professionnels de santé de notre centre de gastro-entérologie.

Plusieurs maladies causent des saignements rectaux notamment les maladies du rectum et du côlon. En effet, la rectorragie constitue un symptôme très fréquent de nos jours. Bien que souvent bénins, les saignements rectaux peuvent également être le signe d’une maladie plus grave, comme le cancer colorectal. Dans cet article, nous explorons les causes, les symptômes, les complications ainsi que les options de traitement de ce symptôme !

Qu’est ce qui provoque une rectorragie ?

Diverses maladies peuvent causer des saignements rectaux, à savoir :

Les hémorroïdes

Les hémorroïdes sont l’une des causes les plus courantes de saignements rectaux. En effet, elles sont le résultat d’une pression excessive sur les veines dans la région anale, ce qui les fait gonfler et saigner. Ainsi, les hémorroïdes peuvent être internes ou externes. Par ailleurs, les hémorroïdes internes se situent à l’intérieur de l’anus. Elles sont souvent indolores, mais peuvent saigner lors des selles ou des mouvements intestinaux. Quant aux hémorroïdes externes, elles sont situées à l’extérieur de l’anus et peuvent être douloureuses, saigner ou provoquer des démangeaisons.

Les fissures anales

Les fissures anales sont de petites déchirures dans la muqueuse de l’anus qui peuvent notamment causer des saignements rectaux. Elles sont le résultat de la constipation, la diarrhée ou des traumatismes (l’utilisation excessive de tampons ou de suppositoires). D’ailleurs, les fissures anales peuvent être douloureuses. Elles peuvent également causer une sensation de brûlure ou de démangeaison lors des défécations.

Les maladies inflammatoires de l’intestin

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou MICI sont des affections chroniques qui peuvent causer des ulcères et des saignements dans la muqueuse intestinale. Parmi les maladies inflammatoires, on compte la colite ulcéreuse et la maladie auto-immune de Crohn. De surcroit,les symptômes de ces maladies peuvent inclure des douleurs abdominales, de la diarrhée, de la fatigue et une perte de poids.

Le cancer colorectal

Le cancer colorectal est un type de cancer qui commence tout d’abord dans le côlon ou le rectum ⁽¹⁾. Ensuite, il peut causer des saignements rectaux. Les symptômes du cancer colorectal comprennent notamment :

• des douleurs abdominales
• une constipation
• une diarrhée persistante
• de la fatigue
• une perte de poids inexplicable
• des saignements rectaux

Les polypes 

Les polypes sont des croissances anormales dans la muqueuse intestinale qui peuvent notamment causer des rectorragies. Bien que la plupart des polypes soient bénins, certains peuvent se transformer en cancer colorectal. D’autre part, afin de détecter les polypes il est possible de faire un diagnostic par coloscopie. Il s’agit d’une procédure qui utilise un tube flexible avec une caméra pour examiner l’intérieur du côlon et du rectum.

Les infections

Les infections dans la région anale ou rectale – telles que les infections à levures ou les infections bactériennes – peuvent causer des rectorragies. D’ailleurs, les symptômes peuvent inclure des douleurs, des démangeaisons et des écoulements.

Il est important de noter que la rectorragie apparait également lors de :

• maladies hépatiques
• insuffisance rénale ⁽²⁾
• troubles de la coagulation
• radiothérapie pelvienne
• chirurgie rectale antérieure

À savoir ! Il est essentiel de faire la différence entre la rectorragie et le méléna. La rectorragie est un saignement au niveau de l’anus, par conséquent le sang évacué est de couleur rouge et inodore. À contrario le méléna est un saignement interne en amont dans le système digestif. Son sang est quant à lui de couleur noire et son odeur est fétide.

Quels sont les symptômes qui accompagnent une rectorragie ?

Le principal symptôme de la rectorragie est le saignement. Cependant, sa quantité et sa fréquence peuvent varier en fonction de la cause sous-jacente. Dans certains cas, d’autres symptômes accompagnent les saignements rectaux. On cite :

• des douleurs rectales
• des douleurs abdominales
• une diarrhée ou une constipation
• une perte de poids subite
• de la fatigue

Quelles sont les complications liées à une rectorragie ?

Bien que la rectorragie elle-même ne soit pas dangereuse, elle peut parfois être le signe d’une maladie grave. En effet, les rectorragies peuvent entraîner plusieurs complications, en fonction de leur cause et de leur gravité. Voici quelques-unes des complications possibles :

Une anémie

Les rectorragies fréquentes peuvent notamment entraîner une perte de sang importante, ce qui peut causer une anémie. Cette dernière se caractérise par une diminution de la quantité de globules rouges dans le sang. Ce qui peut causer par la suite les symptômes suivants :

• de la fatigue
• de la faiblesse
• des vertiges
• des palpitations

Un choc hypovolémique

Si une rectorragie entraîne une perte de sang importante, elle peut entraîner un choc hypovolémique. En effet, il se produit lorsque le volume de sang dans le corps diminue rapidement. Ceci peut entraîner une pression artérielle basse, une fréquence cardiaque rapide et des étourdissements.

Une infection

Ces saignements peuvent également entraîner une infection si des bactéries pénètrent dans la plaie ou la lésion qui saigne. Les infections peuvent causer des douleurs, des rougeurs, des gonflements et des écoulements dans la région anale ou rectale.

Une obstruction intestinale

Une obstruction peut avoir lieu en présence d’un polype ou d’une tumeur dans le côlon. Par ailleurs, les symptômes peuvent inclure des douleurs abdominales, des ballonnements, de la constipation et des vomissements.

Cancer colorectal

Les rectorragies peuvent être un symptôme du cancer colorectal. En effet, s’il n’est pas traité, il peut se propager à d’autres parties du corps, ce qui peut entraîner des complications graves et potentiellement mortelles.

Comment faire le diagnostic d’une rectorragie ?

Le diagnostic de la rectorragie commence par un examen médical complet lors de votre consultation. On y effectue également un examen rectal. Votre médecin peut en outre vous recommander des tests supplémentaires, tels que :

• une sigmoïdoscopie
• une coloscopie
• une tomodensitométrie ou une TDM, pour détecter les saignements internes
• des tests sanguins en cas d’anémie ou autre

Comment faire pour traiter une rectorragie ?

Le traitement de la rectorragie dépend de la cause sous-jacente. Les médecins proposent plusieurs traitements à savoir :

Les traitements médicaux

Si la rectorragie est causée par un trouble bénin, ainsi, le médecin prescrira des traitements médicaux pour soulager les symptômes et traiter la cause sous-jacente. Ces traitements peuvent inclure :

• des médicaments anti-inflammatoires
• des médicaments contre la douleur
• des laxatifs
• des crèmes ou des suppositoires pour les hémorroïdes
• des antibiotiques pour les infections

La chirurgie

La chirurgie peut devenir un recours nécessaire si la rectorragie est un symptôme de tumeur ou de polype. En effet, il devient impératif d’enlever les lésions. La chirurgie peut également être importante pour traiter des complications telles qu’une perforation intestinale ou une obstruction.

Une endoscopie

Dans certains cas, une endoscopie peut être utilisée pour diagnostiquer et traiter une rectorragie. Cependant, elle peut être un moyen rapide et précis pour :

• enlever des polypes
• cautériser une lésion qui saigne
• appliquer des traitements médicamenteux directement sur la zone touchée

La transfusion sanguine

Si la rectorragie engendre une anémie, le médecin appliquera une transfusion pour rétablir les niveaux de globules rouges dans le sang.

Comment prévenir une rectorragie ?

Bien qu’elles ne soient pas toujours concluantes, certaines mesures peuvent aider à prévenir les saignements rectaux. Parmi ces mesures, on cite :

• garder un régime alimentaire équilibré et riche en fibres
• boire suffisamment d’eau pour éviter la constipation
• faire de l’exercice régulièrement
• ne plus consommer d’alcool
• ne plus fumer
• subir des dépistages réguliers du cancer colorectal si vous êtes à risque

Sources et références scientifiques

1. Colonoscopy for lower gastrointestinal bleeding: Has anything changed?- World Journal of Gastrointestinal Endoscopy. 2020
2. Clinical characteristics and outcomes of lower gastrointestinal bleeding in patients with end-stage renal disease – Medicine en 2020